Château Mouton Rothschild 1954

Pauillac – 1er grand cru classé 

Laissez moi vous raconter une histoire :

Invités chez des amis au Ferret pour déjeuner, nous arrivons les derniers. Se tenait alors sur la table, fier, un magnum de vin rouge. L’hôte souriant nous dit : «j’ai trouvé ça dans la cave du beau père, mais je n’ai aucune idée de ce que c’est !»

En examinant la bouteille de plus près, mon cher ami, spécialiste des grands bordeaux, reconnaît immédiatement le blason des Rothschild. «Côté mouton !» nous dit-il. Mais rien de plus. Pas d’étiquette. Tout nous laisse à penser à un vieux Mouton.

Résultat, après 5 minutes de discussion avec l’hôte (celui-ci n’a pas été très dur à convaincre), il décide d’ouvrir le magnum du beau père qui été dans la cave depuis une paire d’année. On envoie notre meilleur sommelier pour faire ce travail d’orfèvre. Rien à faire le bouchon part comme une fusée dans le vin. On le carafe pour pouvoir vider le magnum. On le déguste, toujours à l’aveugle. C’est vieux. Très vieux. Les avis sont unanimes. Quelqu’un propose même d’aviner une carafe au Porto pour lui donner un coup de fouet. Ne nous reste plus qu’à casser la bouteille pour vérifier le château et voir quelle année se cache sur le bouchon. Suspens ….

Château Mouton Rothschild 1954.
Superbe.

Quand on regarde les avis sur internet on rigole bien. On re déguste. C’est de suite plus fin. Mais difficile d’en boire un second verre. On rigole.
Un grand moment de vin.  

Sur l’échelle de la coquetterie :
Les notes en l’an 2000 de Jean-Marc Quarin sont sans équivoques :
«Un mauvais été pluvieux a empêché le raisin de mûrir dans de bonnes conditions. La couleur est sombre et ambrée. Le nez sent le caramel et le cèdre. Il est agréable mais sans fruit. Comme pour le 55, l’entrée en bouche est presque sucrée. Le vin offre encore une bonne consistance, mais l’acidité et un assèchement viennent marquer la finale, ce qui est typique d’une acidité volatile plutôt élevée. Un vin d’autrefois pour collectionneurs uniquement.»

 


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